Notre opinion

Lévis, 1er juin 2020

Objet : L’importance du capital naturel pour la relance économique verte après-COVID-19 et la prévention de crises futures

Dans les derniers mois, nous avons vécu une crise sanitaire sans précédent. Les actions décisives des gouvernements ont contribué à sauver bien des vies et à appuyer tant les individus que les entreprises pendant cette période difficile.

Cependant, des crises beaucoup plus grandes que cette pandémie sont en train de se développer sous nos yeux. L’impact négatif de la COVID-19 sur nos vies a frappé rapidement. L’économie s’en relèvera à moyen terme. En revanche, les crises climatiques et écologiques prendront une importance accrue et leurs impacts négatifs, si elles ne sont pas prévenues, dureront durant des décennies et auront des impacts non pas sur quelques zones ou niches écologiques, mais bien sur toute la population de la planète.

Le Fonds monétaire international (FMI) estime que la COVID-19 nous coûtera neuf mille milliards de dollars au cours des deux prochaines années. En comparaison, dans une étude récente publiée dans le journal Nature, des scientifiques prévoient que la crise climatique pourrait coûter cent fois la crise actuelle, en moyenne douze mille milliards de dollars par année au cours des quatre-vingts prochaines années si nous n'atteignons pas les objectifs de l’Accord de Paris pour la lutte contre les changements climatiques. Une autre étude qui vient de paraître, préparée par une équipe internationale d’archéologues, d’écologistes et de climatologues, prévoit que d’ici 2070, plus de trois milliards d’humains vivant présentement dans des lieux où des chaleurs extrêmes sont déjà la norme se retrouveront à terme dans des conditions climatiques qui seront une menace directe à la vie humaine.

De plus, de nombreux scientifiques lancent un avertissement clair que la déforestation, la dégradation des terres et la perte de biodiversité et d’habitats fauniques augmentent l’occurrence de maladies infectieuses et les risques de propagation de pandémies. Nous assistons à l’émergence de maladies provenant directement des animaux sauvages depuis le début des années 2000 (ex : Ebola, SARS, COVID-19). De fortes indications lient l’ensemble de ces crises à la détérioration des écosystèmes et à la pauvreté qui en découle.

La nature est un allié vital dans la lutte contre le changement climatique. La nature régule le climat, et les solutions fondées sur la nature, telles que la protection et la restauration des zones humides, des tourbières et des écosystèmes côtiers ou la gestion durable des zones marines, des forêts, des prairies et des sols agricoles, seront essentielles pour la réduction des émissions et l’adaptation au changement climatique. La plantation d’arbres et le déploiement d’infrastructures vertes nous aideront à rafraîchir les zones urbaines et à atténuer les conséquences des catastrophes naturelles. C’est dans cet esprit que l’Union Européenne met la nature au cœur de ses engagements dans sa nouvelle stratégie sur la biodiversité.

Comment pouvons-nous nous en sortir ?

Pour sortir de la crise actuelle la tête haute et avec l’espoir d’un monde meilleur, il faut voir dans cette situation non seulement une occasion pour le Canada et le Québec, mais plus encore un devoir et une responsabilité de réinventer notre modèle économique tout en gérant de façon durable notre environnement. Et d’en donner l’exemple au reste du monde!

Nous avons collectivement la responsabilité de nos moyens et potentialités! Le poids de la connaissance!

La direction que prendra l’action économique gouvernementale, dans les mois à venir, en rapport au capital naturel, dont les infrastructures vertes, se devra de mobiliser tant le secteur privé que la société civile dans une complicité qui sera essentielle pour mener à bien ce tournant historique. Cette complicité devra passer par le renforcement de la nature et de sa résilience.

Ajoutant notre voix à celles, nombreuses, qui invitent les gouvernements à une relance décidée de nos engagements climatiques et du développement durable, nous sommes convaincus chez Viridis Terra qu’il est essentiel d’orienter et de mieux encadrer les programmes et les investissements à venir dans la remise en marche de notre économie avec en tête la vision d’assurer un futur prospère pour tous.

Il faut résolument investir, en tant que société, dans l’authentique innovation, celle qui puise dans le puit des connaissances universelles, de celles découlant de nos expériences collectives et individuelles, de celles des peuples et des communautés près de la terre et de celles-là mêmes que la nature est prête à partager avec nous. Il faut appuyer la gestion saine et durable d’écosystèmes forestiers et agroforestiers qui fournissent des ressources naturelles écoresponsables à valeur commerciale ajoutée. Il faut encourager des organisations qui ont des modèles d’affaires qui permettent d’améliorer la résilience climatique par la restauration de l’intégrité écologique, tout en assurant la sécurité alimentaire et économique par l’amélioration de la productivité des terres et des conditions de vie des populations visées.

Appuyer le virage vers une économie plus verte

Par le passé, les institutions publiques ont joué un rôle déterminant dans l’émergence de plusieurs secteurs économiques. Par exemple, elles ont permis au secteur des énergies renouvelables de maturer au point d’être en mesure d’être maintenant financé à 100 % par le secteur privé. Nos gouvernements se doivent, en ces temps, de jouer le même rôle de catalyseur avec le capital naturel, porteur de solutions innovatrices d’avenir pour certains des plus grands défis et menaces que l’humanité est en train de confronter : les changements climatiques, la perte de biodiversité, la dégradation des terres, l’exploitation non durable des ressources et la pénurie d’eau.

L’État se doit d’appuyer ce virage vers une économie post COVID-19 plus verte, plus durable et plus responsable avec des programmes de financements mixtes et ciblés dans ce secteur afin de contribuer à sa dynamisation, son caractère pionnier et innovateur, son essor et d’ouvrir la voie à la mobilisation d’investissements privés.

La relance économique devra miser, entre autres, sur des investissements massifs dans des entreprises qui interviennent dans le champ des solutions basées sur une meilleure gestion de la nature et de ses ressources naturelles, des solutions fondées dans la nature elle-même. Cette approche permettra de lutter efficacement contre ces défis planétaires en faisant de la nature notre alliée.

Il y a actuellement plus de deux milliards d’hectares de terres dégradées sur la planète, une superficie équivalant à plus de deux fois la surface du Canada. La dégradation des terres et la désertification de zones forestières et agricoles porteuses de vie s’accélèrent, une perte économique évaluée à plus de dix mille milliards de dollars US par année, car ces terres produisaient des biens et des services à valeur commerciale, mais n’en produisent plus ou peu à cause de leur perte de productivité.

Le capital naturel, qui est au cœur de la lutte face à l’urgence climatique, est désormais considéré par le secteur financier comme étant aussi essentiel que le virage vers le secteur des énergies renouvelables l’était il y a vingt ans. Selon de nombreux experts, la restauration du capital naturel pourrait contribuer jusqu’à 37 % à l’atteinte des objectifs de l’Accord de Paris. La déforestation, la dégradation des terres et le changement d’utilisation des terres causent près de 25 % des émissions globales de GES sur la planète.

L’importance de la restauration et la remise en production des terres dégradés

D’autres organisations, comme la nôtre, avec des modèles d’affaires économiquement viables et des approches technologiques novatrices pour la restauration des terres dégradées devraient voir le jour et y être encouragées. Il y en a trop peu.

Il faut plus d’organisations qui s’engagent, à travers ses solutions intégrées et novatrices, à la restauration et la remise en production des terres dégradées afin de contribuer à un avenir meilleur pour les générations actuelles et futures en travaillant en partenariat avec toutes les parties prenantes concernées au renforcement de la nature et de sa complicité avec l’homme.

La promotion du développement d’une économie verte basée sur des modèles de développement viables et des activités économiques durables est primordiale. Il faut transformer ce qui apparaît aujourd’hui comme un coût inexorable et hors d’atteinte en un investissement rentable, créateur de valeur pour l’être humain et la planète.

Nous nous devons d’attaquer un problème mondial de dégradation des terres avec des solutions innovantes. Cependant, l’appui des gouvernements est nécessaire afin d’être en mesure de bien et rapidement éprouver nos modèles d’affaires et technologiques et de mobiliser plus de capital privé, et permettant ainsi aux entreprises et organisations comme Viridis Terra de devenir des leaders mondiaux dans le domaine.

Martin Beaudoin Nadeau

Fondateur et PDG de Viridis Terra International

À propos de Viridis Terra

Viridis Terra est une entreprise canadienne de technologies propres spécialisée dans la restauration et la remise en production de terres dégradées, y compris les sites miniers, dans le but de faire face au problème mondial de la dégradation des terres, de la disparition de la biodiversité en plus de lutter contre le changement climatique. L'entreprise a développé un package technologique et managérial innovant pour la restauration intégrée des paysages forestiers et agroforestiers à grande échelle (IFLR®). Ce package augmente de deux (2) à trois (3) fois la productivité des terres et des arbres par rapport aux technologies traditionnelles tout en garantissant la durabilité, en réduisant les coûts d'exploitation, en créant de nouveaux moyens de subsistance et sources de revenus pour les propriétaires fonciers et les communautés locales et en permettant la mise à l’échelle et la réalisation d’activités efficacement à très grande échelle de manière transparente. Le package comprend nos propres biotechnologies en attente de brevet utilisées sur le terrain pour la restauration des forêts naturelles, une usine d'arbres de haute technologie pour la production de plants de haute qualité à des fins commerciales, des laboratoires de biotechnologie pour la production de biofertilisants et la micro-propagation des plantes par embryogénèse somatique, des technologies de télédétection et de géo-traçabilité en plus de notre plateforme numérique appelée TreesOfLives® jouant trois fonctions importantes: un véhicule d'investissement d'impact dans nos projets, un système de gestion des données d'opération des projets et un système pour la vente des extrants des projets (bois d’œuvre, produits agroalimentaires, bois énergie, crédits compensatoires carbone et biodiversité). Le modèle économique permet de transformer le coût de la restauration et du reboisement en un investissement qui génère des retours pour les investisseurs à travers le temps. Viridis Terra est actuellement présente au Canada, dans les Caraïbes, en Amérique latine et en Afrique de l'Ouest.